Pourquoi elle dit toujours « videz vos poumons » avant d’inspirer ?

Respiration, pesanteur et yoga

respirer

Durant le développement intra-utérin, les apports en oxygène se font via le cordon ombilical. La mère respire pour deux. Il y a très peu de sang et pas d’air du tout dans les poumons du fœtus, car ceux-ci ne sont pas encore en état de fonctionner. Ils sont donc ratatinés. Le système circulatoire est en grande partie inversé par rapport à ce qu’on observe par la suite : le sang riche en oxygène y circule dans les veines, et le sang désoxygéné dans les artères.

Chez le fœtus humain, il existe même des vaisseaux qu’on ne retrouvera plus après la naissance, car ils se seront refermés et transformés en ligaments.

La naissance va de pair avec la rupture du cordon ombilical, canal vital qui a maintenu l’enfant en vie pendant neuf mois. Brusquement, et pour la première fois, l’enfant doit accomplir lui-même des actions nécessaires à sa survie. La toute première de ces actions signe son indépendance physique et physiologique. Il s’agit de sa première inspiration, plus importante et plus puissante qu’aucune autre par la suite.

La première inspiration est la plus importante, car l’inflation pulmonaire initiale entraîne des changements essentiels dans tout l’appareil circulatoire, qui, jusque-là, était organisé de manière à recevoir l’oxygène du sang de la mère. La première inspiration provoque un afflux de sang dans les poumons, la division du cœur en deux pompes distinctes – droite et gauche – et la condamnation des vaisseaux spécialisés, propres à la circulation fœtale.

Cette inspiration initiale est aussi plus puissante qu’aucune autre par la suite, car le tissu pulmonaire, jusque-là ratatiné et empli de liquide amniotique, résiste au déploiement. La force requise (appelée pression inspiratoire maximale) est trois fois supérieure à celle déployée lors d’une inspiration normale.

(…)

En résumé, au moment où l’on naît, on se trouve subitement confronté à deux forces jusqu’alors inconnues : la respiration et la pesanteur. Pour aller bien, il faudra désormais parvenir à concilier ces deux forces. A cet égard, la pratique du yoga peut être considérée comme une façon d’explorer sciemment la relation entre respiration et posture. En cela, elle aide à relever le défi au jour le jour.

Extrait de « Yoga – anatomie et mouvements – de Leslie Kaminoff

En yoga, vider les poumons avant d’inspirer c’est aussi faire le vide, éliminer, avant d’accueillir pleinement une inspiration nouvelle, porteuse d’énergie.

Elise