S’auto guérir par la yoga-thérapie

© Arthur Péquin

Extrait SY n°107 JANVIER 2010 Thérapie
Par Bernard Bouanchaud

S’auto guérir par la yoga thérapie

Le héros, vîrâbadrâsana, donne confiance, la posture accroupie, utkatâsana, apporte humilité, le bateau, navâsana, stimule la fertilité et le triangle, utthita trikonâsana, facilite la digestion. Mais chacune de ces postures comporte des contre-indications, demande une préparation et appelle une contre posture : la yoga thérapie ne s’improvise pas.

Il faut au yoga thérapeute une bonne connaissance et une expérience certaine des principaux outils du yoga : la posture qui soulage le corps, la respiration qui apaise le mental, la méditation qui ouvre aux profondeurs du psychisme.
Une séance de yoga thérapie n’étant pas une pilule qui soigne la maladie, elle va se révéler bien plus intéressante car elle permettra de s’auto guérir et d’apprendre sur soi. Bien sûr il faut que le yoga thérapeute soit compétent et inspire confiance. Certains yogis sont exceptionnels, ils trouvent pour chaque patient exactement le bon remède au bon moment, ce qui peut changer une vie. En général le yoga thérapeute est un guide qui conduira son élève en deux étapes : la réduction, voire la disparition des symptômes, puis une exploration, un déracinement de la cause.
Du symptôme à la cause
Un questionnaire permet au spécialiste une approche holistique, globale, de la personne venue le consulter. Grâce à des « tests », il verra, selon la morphologie et le comportement, ce qui convient le mieux. Deux personnes souffrant des mêmes symptômes de lombalgie ne bénéficient pas des mêmes pratiques. L’approche diffère selon qu’il s’agit d’un jeune célibataire qui débute son premier travail de commercial ou d’une infirmière retraitée. Ni le temps, ni le contexte, ni la sensibilité, ni les enjeux ne sont les mêmes. Ils vivent deux tranches de vie différentes. On privilégiera pour le célibataire les asana, et pour l’infirmière la concentration, dhyâna.
Le yoga s’adapte à la personne qui, elle, doit dépasser les causes de ses souffrances. Ce que Patanjali appelle les « klesa » dans les Yoga-Sûtra (Aphorisme 2, Chapitre II) : avidyâ, la méconnaissance, asmitâ, l’ego, râga, l’attachement, dvesa, la répulsion, abhinivesâh, la peur. Ce sont ces causes qui perturbent le corps et l’esprit. 
La thérapie par le yoga nécessite un engagement profond, dans le temps, et repose sur le désir d’aider du thérapeute et l’aspiration au bien-être du pratiquant. Qui mieux que soi-même, sous le regard d’un spécialiste, peut se soigner ? Changer ses automatismes, acquérir un regard neuf, faire de son corps un allié.
Une palette d’outils fabuleuse
Enchaînements de postures, méditation sur une photo représentative d’un être extraordinaire – Mâ Ânanda Môyi ou la Sainte vierge pour une figure maternelle rassurante, Ganesh pour obtenir la force de l’éléphant, des images fortes de la nature comme le soleil, la lune, la mer, la montagne… – ou encore des mantra, ou un mandala : la palette d’outils du yoga-thérapeute se révèle fabuleuse. Mais il s’agit de bien choisir. (…) Pour plus d’efficacité, la yoga-thérapie se connecte aux valeurs spirituelles et religieuses du pratiquant. Cette thérapie ne prétend pas tout guérir : elle n’est pas une médecine. D’ailleurs, la médecine elle-même ne soigne pas tous les maux. Elle apporte un mieux-être, prévient des maladies et parfois soigne.
Contrairement à l’âyurveda, la yoga-thérapie n’est pas un système médical. Mais comme l’âyurveda, elle se transmet de manière orale et traditionnelle, de maître à disciple. Les deux sont complémentaires. L’âyurveda utilise des plantes comme médicaments, les massages, les huiles spéciales, les pierres précieuses, et… le yoga. Grâce à une approche non intrusive, la yoga-thérapie est exigeante : le pratiquant suit une séance de yoga personnalisée et évolutive, il adapte aussi son alimentation qui doit être modérée, il se rend responsable de lui-même. Son mode de vie et de pensées en sera modifié.
Mes maîtres en yoga-thérapie
« Mon enseignement, issu de la lignée de T. Krishnamacharya, provient surtout de l’un de ses fils, mon professeur durant 35 ans, T. K. V. Desikachar, mais aussi de son frère, Shri Bhashyam et du Dr N. Chandrasekaran qui fut élève de T. K. V. Desikachar. 
En yoga, on reste toujours élève, et inscrit dans une lignée. 
La mienne est celle de Krishnamacharya, un des plus grands maîtres de yoga 
du XXème siècle, celui qui introduisit le yoga en Occident.

Bernard Bouanchaud